Le capitalisme n'en finit pas de mourir, avec son cortège de désastres sociaux
Les places boursières européennes et américaines ont gravement rechuté lundi à l'annonce de nouveaux indicateurs désastreux pour l'économie mondiale, et avec une entrée en récession "officielle" des Etats-Unis.
Wall Street, la première place mondiale qui avait regagné près de 10% la semaine dernière à la faveur d'un nouveau plan de sauvetage d'une banque américaine (Citigroup) et de la présentation de l'équipe économique de la future administration Obama, a plongé de 7,7%, l'indice Dow Jones clôturant à 8.149,09 points.
Dans la journée de lundi, les Bourses européennes étaient également descendues aux enfers : Paris a perdu 5,59% en clôture, Londres 5,19% et Francfort 5,88%. "L'inquiétude générale, c'est que la récession soit plus sévère qu'attendue", a indiqué à New York l'analyste Owen Fitzpatrick, de la Deutsche Bank.
Un organisme officiel américain, le NBER, a annoncé que la récession économique avait commencé aux Etats-Unis en décembre 2007 et se poursuivait toujours. Les dépenses de construction ont quant à elles baissé de 1,2% en octobre et l'indice ISM de l'activité industrielle a chuté à 36,2 points en novembre, au plus bas depuis mai 1982.
En Allemagne, les ventes de détail ont baissé de 1,6% en un mois en octobre, un recul plus fort que prévu.
Dans la zone Euro, dont en France, l'indice des directeurs d'achat pour le secteur manufacturier a touché un plancher historique en novembre, et la vente des voitures neuves vient d'enregistrer, dans notre pays, une plongée de -14% en novembre.
Face à la gravité de la situation, le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a reconnu qu'une nouvelle baisse des taux était certes possible, mais qu'une telle mesure touchait à ses limites. Pourtant, contre vents et marées, les tenants de l'économie capitaliste libérale ne désarment pas, bien que les remèdes qu'ils appliquent se révèlent chaque jour un peu plus inopérants dans une économie mondiale au bord de la catastrophe :
La banque centrale dispose "de nombreux moyens" d'actions, s'est entêté Ben Bernanke, évoquant la possibilité que la Fed intervienne une fois de plus sur les marchés en mobilisant à nouveau les fonds publics pour acheter "en quantité importante" des bons du Trésor à long terme afin d'agir sur la courbe des taux.
Les investisseurs attendaient les décisions jeudi de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d'Angleterre (BoE).
La BCE, qui a déjà a baissé début novembre son principal taux à 3,25%, pourrait le réduire à nouveau de 0,50 ou 0,75 point, selon les analystes, afin de relancer l'activité dans la zone euro en récession, où le chômage, au plus haut depuis près de deux ans, a atteint 7,7% en octobre, dépassant une nouvelle et dramatique cote d'alerte.
De son côté, la Banque du Japon (BoJ) pourrait adopter mardi de nouvelles mesures pour aider les entreprises en difficulté à emprunter aux banques.
Dans un rapport publié lundi, l'ONU a souligné la nécessité d'un ensemble massif et coordonné de stimulants économiques pour contrer une dépression planétaire, reconnaissant ainsi que les mesures déjà appliquées par les pays développés se sont soldées par un échec, et que les fonds investis l'ont été en pure perte. Ce même rapport prévoit une croissance mondiale de 1% seulement en 2009, les pays développés étant les plus touchés avec une contraction de 0,5%.
De leur côté, les ministres des Finances européens examinaient un énième plan de relance de 200 milliards d'euros initié par la Commission européenne, afin d'élaborer "une première appréciation collective de ce qu'il convient de faire" (SIC).
Quant au plan français d'aide aux banques, Bruxelles continuait de refuser d'avaliser en l'état cette initiative, exigeant la garantie que les bénéficiaires n'en tireront pas un avantage concurrentiel. Ce qui risque d'achever de le rendre totalement inopérant et de renforcer l'absence de possibilté de financement des entreprises, et notamment des plus petites. Les faillites en cascade frappent à la porte.
Le secteur automobile apparaissait particulièrement touché. Le Japon a affiché une chute historique des ventes de véhicules neufs de 27,3% sur un an en novembre, soit le plus mauvais mois depuis 1969. Chez son voisin sud-coréen, les trois plus grands constructeurs, Hyundai, Kia et Daewoo, ont commencé à diminuer leur production.
En Europe, les immatriculations de voitures neuves se sont effondrées en Espagne (-49,6% en novembre sur un an), en Italie (-29,46%) et en France (-14%).
Le PDG des groupes français Renault et japonais Nissan, Carlos Ghosn, a redemandé un soutien des pouvoirs publics, sinon "les destructions d'emplois seront massives" selon lui.
Le mouvement a d'ailleurs déjà commencé : le fabricant britannique d'automobiles de luxe Aston Martin a annoncé qu'il supprimait 600 postes.
Mardi, les "Big Three" américains, General Motors, Ford et Chrysler, vont plaider devant le Congrès la nécessité d'un nouveau plan de sauvetage de 25 milliards de dollars, alors qu'une nouvelle baisse des ventes automobiles devrait être annoncée aux Etats-Unis.
La difficulté majeure, est que les Etats sont financièrement exsangue, et que les fonds à injecter, issus de l'accroissement virtuel de la masse monétaire (la bonne vieille "planche à billets"), ne feront que relancer une inflation encore plus destructrice des Pouvoirs d'Achat, principalement pour les classes les plus faibles et moyennes.
Dans le secteur financier sinistré et au bord du gouffre, la banque publique allemande BayernLB a annoncé le licenciement de 5.600 personnes d'ici 2013. En France, les Etablissements financiers "font semblant", mais dans les antichambres des Directions des banques, les Plans Sociaux sont déjà en cours d'élaboration.
Les prix du pétrole ont fortement reculé à New York, les investisseurs prenant acte de la décision de l'Opep de maintenir ses quotas de production inchangés, dans un contexte économique très morose. Le baril a fini à 49,28 dollars, en baisse de 5,15 dollars.
Le capitalisme n'en finit pas de mourir. Le fracas de l'effondrement social mondial est à notre porte.
Il n'attendra pas 2012 ! C'est maintenant que les socialistes, socio-démocrates, et l'ensemble des partis de Gauche, en France, en Europe et dans le Monde, doivent prendre la véritable mesure de leurs
responsabilités.
Sources :
AFP et Associated Press***
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