Benoît Hamon, Porte parole du PS, fait le point de l'actualité de fin juillet
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La longue séquence médiatique de Nicolas SARKOZY ce week-end
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Je voudrais revenir sur la séquence emblématique des sujets que le gouvernement cherche à tout prix à esquiver, le bilan record des voitures brûlées, les chiffres record de la montée de la violence en France, les chiffres record du chômage, et aussi en matière de plans sociaux et de plans de licenciements. Cette réalité que le gouvernement cherche à esquiver au profit d’une communication entièrement vouée à vanter les mérites d’un président réformateur, actif, capable de bousculer par sa méthode extrêmement originale les grands de ce monde et les rapports de force inscrits depuis des siècles,…Nous avons d’abord communiqué sur ce qui s’est passé en matière de communication politique, et sur la façon dont l’audiovisuel public a été mis au service de la communication du président de la République. Si certains esprits critiques doutaient encore du sens de la réforme de l’audiovisuel et des différentes initiatives du président de la République en direction des grands médias du pays, ils ont aujourd’hui l’explication avec la séquence de ce week-end, orchestrée par l’Elysée.
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Cela commence par un portrait sur France 5 consacrée à la politique étrangère du président de la République, que j’ai qualifié par communiqué « d’hagiographique », au point d’agacer Christian MALARD, chef du service étranger de France 3. A y regarder de près, on exalte les capacités du président de la République à libérer les infirmières bulgares et Ingrid BETTENCOURT , on dit qu’il avait promis le même sort pour notre compatriote au Mexique, mais son intervention n’a pas eu le même résultat.
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Sans être complaisant vis-à-vis de l’opposition, sans être dans la critique systématique, on peut examiner le bilan de la politique internationale et européenne, et de la présidence de l’Union. Nous observons que nous n’avons pas de politique étrangère, à travers la réintégration du commandement militaire l’Otan, à travers de multiples annonces, comme celle du discours de Dakar en comparaison avec la visite d’Obama au Ghana. Tout cela échappe complètement à l’examen critique qui a pu être fait et correspond davantage à une hagiographie qu’à une réelle volonté d’exercer un esprit critique ou d’analyse objective sur les résultats du président de la République, ça s’appelle mettre l’audiovisuel public au service de la propagande du président de la République. Cela étant, ce n’est pas lui qui est en cause, mais ceux qui se mettent au service de cette propagande-là. Je suis donc déçu de ne pas entendre davantage de voix pour s’inquiéter de cette dérive. Le week-end s’est conclu par une remarquable séquence chez Michel DRUCKER sur l’armée avec laquelle Nicolas SARKOZY s’était un peu fâché pour des raisons de fermetures de casernes, de priorités budgétaires qui allaient davantage dans le sens de l’armement que dans celui souhaité par l’Etat major. Rappelons la prise de parole publique de généraux qui s’étaient inquiétés du fait que les priorités budgétaires étaient d’abord dictées par l’industrie de l’armement plutôt que par l’analyse objective des besoins et des moyens de l’armée. On a eu droit à la communion du président de la République avec son armée désormais réconciliée sous les auspices d’une émission absolument pas complaisante.
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Décompte du temps de parole de rigueur
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Que le président de la République dans le cadre de sa fonction, et notamment dans le cadre des obligations que sont les siennes, puisse parler, s’exprimer et remplir son rôle, et que cela soit couvert par des médias publics ne présente aucune difficulté, sauf que nous sommes dans une communication politique à laquelle nous ne pouvons pas répondre. C’est pourquoi nous exigeons en application de la décision du Conseil d’État d’avril 2009, qu’il y ait une révision du temps de parole du président de la République qui jusqu’ici échappait au calcul fait par le CSA. Nous demandons que ce temps de parole soit divisé en deux parties :
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➢ l’une consacrée à la majorité et au gouvernement et à la part du temps de parole du président qui échappe à sa fonction protocolaire et relève d’une expression politique,
➢ l’autre pour toutes les oppositions.
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Il y a aujourd’hui une urgence à redemander cela pour que toute l’opposition puisse correctement répondre une expression politique qui ne relève pas d’un rôle officiel.
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Nous insistons sur ce point, car outre le fait que les Français ont la chance d’avoir un tel président à la tête de l’Etat, cet excellent diplomate, cet incomparable chef des armées, -les Français le disent à travers les sondages, ils sont heureux de vivre dans la France de Nicolas SARKOZY-, il y avait un autre rôle à cette communication exubérante, celle d’esquiver la réalité.
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On attend toujours les résultats sur le fait que des milliers de Français ne partiront pas en vacances, en dépit des propositions faites par le PS, mais qui ont été rejetées par le gouvernement pour permettre aux enfants des familles les plus pauvres et les plus modestes d’avoir ce ballon d’oxygène pour de sortir de leur quartier et passer des vacances comme tout le monde. On attend une réponse sociale à un état de calamité sociale, le chômage bat des records et le pouvoir d’achat est exsangue. Sans oublier un chiffre record pour les violences et les voitures brûlées. Tout cela révèle que ce pays est dans un état de tension sociale sans précédent. Nous n’avons eu un tel niveau de tension. On peut célébrer le fait que la famille présidentielle va bien, que madame SARKOZY est ravie de faire visiter à Jean-Claude NARCY les jardins de l’Elysée, ce qui au passage était une grande séquence que nous avons tous appréciée en tant que citoyen, nous sommes pourtant dans une situation où il n’y a jamais eu autant de voitures brûlées (plus 40 % par rapport à l’an dernier), autant d’explosion de la violence faite aux personnes, ce qui est la conséquence d’une situation sociale sans précédent. Nous vivons aussi un recul des services publics des territoires qui en ont le plus besoin et l’on ne parle absolument pas de cela.
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La réponse attendue de l’opposition
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A nous de voir avec nos partenaires de l’opposition comment faire entendre une autre tonalité et comment répondre à l’opération médiatique de ce week-end. Nous redemanderons au Premier ministre ce qu’il entend faire pour préparer les grands rendez-vous sociaux de la rentrée, pour l’entrée sur le marché du travail de 600 000 jeunes, dont la moitié connaîtra le chômage, ce qu’il entend faire pour les familles qui ne peuvent pas partir en vacances, ce qu’il entend faire pour lutter contre cette fabrication de la violence dans les entreprises, à travers le durcissement des conflits sociaux, et qu’est-ce qu’il entend faire pour répondre aux salariés qui ne trouvent plus que la violence comme mode d’expression, et enfin quelle réponse il fera aux salariés licenciés des entreprises qui continuent à distribuer des dividendes ? Voilà les sujets sur lesquels le parti socialiste va continuer à interpeller fortement le gouvernement dans les jours qui viennent.
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Nous souhaitons associer au maximum nos partenaires de gauche à des dispositifs de riposte et de propositions de politique alternative. Nous avons reçus ce matin la lettre de réponse de Marie-George BUFFET à la lettre de Martine AUBRY, favorable à cela, avec les exigences du PC d’un débat riche sur le fond, qui ne devra pas échapper aux questions centrales posée à la gauche. Nous accueillerons tous ceux qui veulent s’agréger à ces initiatives de manière à ce que nous puissions bâtir une nouvelle forme de rassemblement de la gauche.
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Orelsan aux Francofolies
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C’est manifestement une demande du directeur du festival de déprogrammer le concert du rappeur Orelsan, ce qui clôt la polémique politique ouverte par l’UMP. Je ne connais pas ce chanteur, mais honnêtement, il y a d’autres sujets qui méritent plus d’attention que celui-ci qui nous détourne de l’essentiel. Si vous allez au-delà du périphérique, vous verrez que ce qui se passe est de plus en plus grave. Les maires de banlieue vous diront l’état de leurs quartiers en raison des transferts de plus en plus lourds de charges vers les collectivités, l’absence de transferts de fonds, de la crise du logement, de la surpopulation dans les quartiers, de la montée du chômage, pour 50 % de la population jeune qui y vit, ce qu’ils nous disent est extrêmement inquiétant. Le travail de l’opposition n’est pas seulement d’être messager de l’apocalypse, mais d’avertir le gouvernement et d’indiquer qu’il y a des solutions possibles, car nous redoutons les conséquences de ce climat sur la société. Comparé à des pères et mères de familles qui posent des bouteilles de gaz pour négocier le prix de leur licenciement, je ne dis pas que l’affaire Orelsan n’est pas sérieuse, mais à proportion de ce qui se passe dans le pays, d’autres sujets sont plus importants.
(Source : Communiqué du PS)
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