Ou le retour de l’Ancien Régime ?
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On peut le craindre en voyant la «méthode» choisie par le Gouvernement …
Il «boucle» un texte sans l’avoir négocié, François Fillon précisant qu’il n’attend que le «bon vouloir» du Souverain pour le mettre en application … au risque d’apparaître en contradiction avec le ministre du travail, à qui est dévolu un rôle purement décoratif …
A peine le premier ministre annonce-t-il qu’une réforme est prête et ficelée, qu’il assure qu’il entend ouvrir des négociations ... Sans doute pour apaiser le «bon peuple» et lui faire croire qu’il respecte la promesse du Monarque de relancer le dialogue social ...
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Politique machiavélique du Prince, qui détourne l’attention des véritables privilégiés du Régime -ceux à qui sont réservés les somptueux cadeaux fiscaux- pour pointer du doigt, au nom de l’équité (SIC), les mécréants qui bénéficient des régimes spéciaux. Alors qu'ils ne représentent que 4 % du montant des retraites des salariés français et qu’ils ne sont pas tous en déficit, loin de là !
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La question de la pénibilité du Travail est ainsi occultée, pour éviter d’en soulever une autre :
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A l’évidence, pendant une vingtaine d’années environ, il y aura de moins en moins d’actifs pour financer la retraite des personnes âgées. C’est pourquoi, pour passer ce cap difficile, il faut mettre en oeuvre une réforme globale des moyens de financements de notre système.
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Monter un coup politique autour des régimes spéciaux est évidemment plus facile que d’engager les mesures volontaristes nécessaires, qui impliqueraient aussi bien l’emploi (les salariés les plus âgés sont les premières victimes de plans sociaux et se trouvent en situation d’exclusion), que la répartition des richesses produites (en rétablissant -ou instituant- un nouvel équilibre entre salaires et rétribution du capital, cotisations assises sur le travail et taxes frappant les revenus financiers).
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La réforme est certes nécessaire, mais doit être négociée et construite avec les partenaires sociaux. Elle ne doit pas se faire dans une logique de stigmatisation d’une certaine catégorie de la population, comme c’est le cas aujourd’hui, ni se contenter d’un nouvel allongement du nombre d’années de travail pour accéder au bénéfice de la retraite (préfigurant un «coup de pouce supplémentaire» en 2008 ?).
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Sauf à revenir, comme sous l’Ancien Régime, à la Corvée pour les pauvres, et à l’exemption pour les plus riches.
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En attendant l’institution de la «Gabelle Sociale» pour encore alléger (sans contre partie) les charges des entreprises et augmenter les profits des «entrepreneurs» ?
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Communiqué du Bureau National
Les déclarations de N. SARKOZY et de F. FILLON sur la question des seuls régimes spéciaux, cherchant à opposer les salariés entre eux, augurent mal du processus de négociation d’ensemble pourtant nécessaire.
Il n’est pas possible de déconnecter l’évolution des régimes spéciaux -qui doit être traitée dans leur diversité et non de manière réductrice- de la négociation d’ensemble. De plus l’évolution éventuelle de ces régimes spéciaux ne constitue absolument pas une réponse au financement pérenne du régime général des salariés.
C’est d’ailleurs à travers le Conseil d’Orientation des Retraites mis en place par le gouvernement de Lionel JOSPIN, qu’une discussion sérieuse et approfondie a abouti sur le dossier des retraites, à un diagnostic partagé par tous les partenaires sociaux. Ainsi, tous les partenaires syndicaux sont aujourd’hui d’accord pour une évolution négociée des régimes spéciaux de retraite, dans le cadre d’une négociation d’ensemble de la question des retraites.
L’échec social et financier de la réforme FILLON adoptée en 2003, qui n’évoquait pas les régimes spéciaux est aujourd’hui patent. Le groupe socialiste l’avait d’ailleurs déjà annoncé lors du débat parlementaire au printemps 2003. Cette réforme se traduit par la dégradation du taux de remplacement, davantage d’injustices, l’augmentation du nombre des très petites pensions. Il y a aujourd’hui 1 000 000 de retraités en dessous du seuil de pauvreté. Le déficit de la branche vieillesse dépassera largement les 3 milliards d’euros cette année. En outre, le fonds de réserve des retraites a été très faiblement abondé depuis cette période.
La renégociation de la réforme des retraites à l’horizon 2008 était inscrite dans la loi de 2003. Cette réforme négociée doit réunir plusieurs conditions :
- S’attaquer au problème du chômage des jeunes et tout faire pour obtenir un taux d’activité beaucoup plus élevé en particulier chez les seniors ;
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- Prendre en compte pour les durées de cotisations les critères de pénibilité et d’espérance de vie, aujourd’hui très inégalitaire selon la nature des métiers ;
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- Solliciter des ressources nouvelles, relevant non seulement de la solidarité, mais également des revenus financiers ;
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- Prévoir une évolution négociée des régimes spéciaux, dans toute leur diversité financière, démographique, historique, dans le cadre d’une négociation globale des retraites des Français, dans le souci d’assurer la pérennité du système par répartition ;
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- Affirmer la nécessité d’une négociation dans le respect de tous les partenaires sociaux, récusant ainsi toute tentation autoritaire et toute tentative de passage en force.
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Mardi 11 septembre 2007
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