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Pour imposer une « réforme » des retraites libérale, qui se rapproche des modèles « minimalistes “ anglo-saxons, le Gouvernement de Nicolas Sarkozy travestit la vérité. L’objectif, à terme, est que chacun constitue l’essentiel de sa propre retraite par épargne personnelle auprès de compagnies d’assurances privées, le Régime Général se réduisant au minimum indigent dont ceux qui n’auront pas les moyens de souscrire de « juteuses » complémentaires devront se contenter.
Tout en clamant qu’elle veut sauver le principe des retraites par répartition, La Droite au Pouvoir tourne le dos à la mutualisation intergénérationnelle et intercatégorielle qui en est le fondement. Elle feint d’ignorer que le déficit démographique qui va affecter le montant et le financement des pensions à venir est conjoncturel et limité dans le temps : Ultime conséquence du « baby boom », le déséquilibre d’aujourd’hui devrait se résorber progressivement (et naturellement) d’ici une vingtaine d’année.
Contrairement à la désinformation officielle, la gageure à laquelle nous sommes confrontés n’est pas la nécessité de réformer, structurellement, le système actuel, mais de trouver un complément de financement, à moyen Terme, qui s’adosse sur d’autres ressources que la seule taxation du travail.
Le Gouvernement cache les prospectives établies par la plupart des économistes, qui chiffrent le montant moyen annuel du déficit cumulé du régime actuel à largement moins de 1% du PIB, quelle que soit l’évolution des autre variables et paramètres (croissance, augmentation de la productivité, évolution positive du
marché de l’emploi …).
Ça devrait se trouver, non ? Après tout, le fameux « trou » du régime général sur 25 ans, ne représente « que » l’équivalent du coût de construction de deux porte-avions nucléaires !
Des solutions de remplacement existent. Les Organisations Syndicales les ont exposées au cours du simulacre de « concertation sociale » du printemps et de l’été.
Notamment :
Un système de financement solidaire des retraites, mettant équitablement à contribution :
*Revenus financiers des entreprises et des particuliers,
*Revenus du capital (y compris Stock-options, Intéressement, Participation),
*Revenus du travail (y compris les « retraites chapeau » et les retraites au-delà d’un plafond à définir, pour aligner les retraites de haut niveau, sur les cotisations des actifs) …
Un système innovant et pérenne de recherche de sources de financement responsabilisant les acteurs économiques :
*Révision et aménagement des exonérations de charge des entreprises, tenant compte de leur taille (est-il normal qu’une entreprise du CAC 40 bénéficie des mêmes exonérations qu’une PME ?) et de leur responsabilité citoyenne (en matière de politique de l’emploi, notamment),
*Mise en place, pour l’impôt sur les bénéfices des entreprises, d’un barème progressif par tranche, à l’instar de ce qui se pratique pour les particuliers. Aujourd’hui, la société TOTAL, comme la SARL de plomberie de quartier, acquittent, l’une comme l’autre, 33% d’impôt sur les bénéfices réalisés. Est-ce équitable ?
Un système de retraite qui prenne en compte la dimension humaine et sociétale de la cessation de travail « économique », et pas seulement son aspect comptable :
*Valorisation de « l’économie sociale et associative » (souvent animée par des bénévoles … retraités)
*Définition d’une politique volontariste en faveur de l’emploi, la rémunération du travail et son maintien n’étant plus une variable d’ajustement de la rentabilité.
*Institution du principe de « libre choix » du salarié pour l’âge de départ à la retraite. Avec la « retraite à la carte », chacun pourrait choisir de partir plus tôt (pénibilité de la profession exercée, ou simple désir personnel, en contrepartie, dans ce dernier cas, de l’acceptation de « décotes » raisonnables) ou décider de travailler plus longtemps. Les études effectuées montrent que le bilan financier d’un système de ce type ne se
rait pas nécessairement déficitaire.
Le Gouvernement refuse d’entendre les propositions des syndicats ...
Le Gouvernement refuse de tirer les conséquences démocratiques de l’hostilité de la majorité des salariés au report de l’âge de départ en retraite ...
Le Gouvernement refuse d’ouvrir une véritable négociation sur un financement pérenne des retraites …
Pourquoi ?
Parce que sa « réforme » est pliée ! D’ailleurs, alors que son examen par l’Assemblée nationale n’a encore pas commencé, des spots télévisuels « expliquent » déjà la réforme aux français !
Parce que son objectif (comme tous ceux qui sous-tendent l’ensemble de sa politique) est de libéraliser, au bénéfice du Privé et des investisseurs financiers, le système de retraite des français.
Aussi bien sûr le fond, que sur la méthode, il faut faire reculer le Gouvernement.
La seule façon d’y parvenir, est d’être des millions dans la rue le 7 septembre, avec les Organisations syndicales unanimes et les Partis de Gauche, pour une autre réforme des retraites, juste et solidaire.
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Point de vue :
« Tous les revenus doivent contribuer au sauvetage des retraites »
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Bruno Palier chercheur du CNRS au Centre d’études européennes de Sciences Po, auteur du Que sais-je : La réforme des retraites (2010) plaide pour une contribution générale au sauvetage des retraites et insiste sur la situation préoccupante des jeunes générations.
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Le déficit de notre système de retraite risque de provoquer un nouvel allongement de la durée de cotisation. Avec la hausse de la précarité du travail, comment vont s’en sortir les plus jeunes ?
Vous avez raison de poser la question en termes de générations. Dans l’état actuel des débats sur les retraites, seules les générations à venir sont concernées par les réformes. Si l’on veut inscrire ces réformes sous le principe d’équité, il faudrait que tout le monde contribue selon ses moyens au sauvetage des retraites : les revenus du capital, et aussi les retraités d’aujourd’hui, en rééquilibrant le taux de Contribution Sociale Généralisée dont ils s’acquittent à un niveau inférieur à celui des actifs.
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Baisser le niveau des retraites est-il possible alors que leur moyenne s’établit à environ 1 122 euros ?
On avance toujours les chiffres effrayants du revenu bas de certains retraités pour masquer le fait que les jeunes retraités sont (en moyenne) les plus riches des classes d’âge françaises. Aujourd’hui, le risque d’être pauvre est beaucoup plus élevé chez les jeunes que chez les personnes âgées. Les taux de pauvreté (pourcentage de personnes vivant avec moins de 60 % du revenu médian) en France sont les plus bas pour les hommes âgés de 65 à 74 ans (6,1 %) et les femmes de cette tranche d’âge (7,6 %) tandis que les taux de pauvreté sont beaucoup plus élevés chez les enfants de moins de 18 ans (15,5 %), et surtout chez les jeunes de 18 à 24 ans (16,4 % chez les hommes et 18,6 % chez les femmes).
Si l’on souhaite que notre système assure encore une solidarité entre les générations, c’est donc (aussi) dans l’autre sens que la solidarité collective doit aujourd’hui fonctionner, des jeunes retraités vers les jeunes tout court. Il ne s’agit cependant pas de baisser les retraites, mais d’aligner le taux de CSG payée par les retraités sur celle des actifs.
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Pourquoi les gouvernements quels qu’ils soient ne se décident-ils pas à découpler retraite et travail, c’est-à-dire à ne plus asseoir les droits à la retraite sur le seul travail ?
Parce que les partenaires sociaux défendent l’idée que les retraites sont un salaire différé. Il faut se rappeler que c’est bien parce qu’il s’agit d’un salaire différé que chacun reçoit un pourcentage de ses salaires. Si l’on confiait à l’État le financement des retraites, comme le font par exemple les Britanniques, celui-ci ne verserait qu’un minimum à tout le monde, chacun devant compter sur son épargne (ou son employeur) pour assurer les compléments.
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Les cotisations ne devraient-elles pas porter sur l’ensemble des revenus et pas seulement sur les revenus du travail ?
Oui, il conviendrait que les prélèvements soient aussi effectués sur tous les revenus, ceux du capital comme ceux du travail. La Cour des comptes avait montré que les “bonus” et “stock options” ne contribuent pas suffisamment au financement des retraites, alors qu’ils concernent des personnes qui prendront elles aussi leur retraite.
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Que pensez-vous du système de retraite par capitalisation, où les personnes – et leurs employeurs aux États-Unis – cotisent pour leur propre retraite individuelle ?
Je pense que c’est un système extrêmement injuste s’il n’est pas suffisamment régulé. Il ne profite qu’à ceux qui ont suffisamment de revenus, ou un bon employeur qui abonde pour ses salariés des fonds de pension collectifs.
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Communiqué commun de l’intersyndicale :
CFDT, CFTC, CGT, CGC, FSU, Solidaires, Unsa
Rien n’est joué !
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Le 7 septembre, imposons nos revendications
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Après les fortes mobilisations du premier semestre, et notamment le 24 juin dernier, les multiples initiatives qui ont ponctué l’été, montrent la détermination des salariés à faire entendre leurs revendications et leurs propositions concernant le projet de réforme des retraites dont le contenu est injuste et inacceptable.
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La période estivale a été marquée par la persistance de la crise économique et sociale - la situation du chômage s’aggravant encore notamment pour les jeunes - et par l’annonce de mesures de rigueur supportées essentiellement par l’ensemble des salariés. Le gouvernement poursuit une politique inadaptée en terme d’emplois et de pouvoir d’achat qui accroît les inégalités.
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Au moment où le projet de réforme des retraites va être examiné par le parlement, les organisations syndicales rappellent leur ferme opposition à celui-ci. Cette réforme ne répond pas aux enjeux actuels. Les questions d’emploi notamment pour les jeunes et les seniors, celles des inégalités hommes-femmes, de la pénibilité, d’un financement durable appuyé sur une autre répartition des richesses produites, non seulement ne sont pas traitées, mais font porter à plus de 85% les efforts sur les salariés.
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La remise en cause des 60 ans avec le report à 62 et 67 ans des âges légaux va fortement pénaliser les salariés et notamment ceux ayant commencé à travailler jeunes, ceux ayant des carrières chaotiques et incomplètes, en particulier les femmes.
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Les organisations syndicales considèrent aujourd’hui que rien n’est joué et appellent tous les salariés du privé et du public, les demandeurs d’emploi, les jeunes et les retraités à poursuivre la construction d’une mobilisation de grande ampleur et à faire du 7 septembre prochain une journée massive de grèves et de manifestations.
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Le gouvernement et les parlementaires doivent entendre la mobilisation des salariés et répondre à leurs revendications pour d’autres choix en matière de retraites, d’emploi et de pouvoir d’achat. Les organisations syndicales se réuniront dès le 8 septembre pour analyser la situation et décider des suites unitaires à donner rapidement à la mobilisation
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Retraites : une autre réforme est possible
Le Parti socialiste a émis des propositions pour une réforme des retraites juste, durable et efficace.
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