Moraliser le capitalisme ?
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Certains ont pu y croire, trompés par un martèlement médiatique que maîtrise parfaitement le Pouvoir en place : Après le résolution de la crise « financière » (que jamais aucun libéral n’a voulu reconnaître comme une crise « de système »), on allait « laver plus blanc », et moraliser le capitalisme !
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La tempête sur les Marchés financiers s’est (momentanément) calmée, même si nous restons loin des niveaux atteints en 2006 : Un CAC 40 aux alentours de 3 8OO points, contre 7 500 à l’époque. Décote supportée principalement par les plus petits épargnants qui avaient souscrit, encouragés par leurs « conseillers bancaires », des produits boursiers déguisés dont le caractère risqué leur était soigneusement dissimulé. Combien d’économies de précaution ou de primes de départs en retraite se sont envolées en fumées ?
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La crise s’est déplacée vers l’économie réelle et productive, enchaînant hausses du chômage, et mesures de « rigueur » … qui frappent essentiellement les plus faibles et les classes moyennes ! En revanche, la spéculation financière a repris de plus belle, oublieuse des paroles hypocrites des politiques. Savez-vous qu’au premier semestre 2010, les volumes investis sur les marchés « à terme » ont été plus importants que ceux enregistrés durant la même période de référence de 2006 ?
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Une minorité de privilégiés continue ainsi à s’enrichir en dormant, pendant que la très grande majorité de nos concitoyens s’appauvrit.
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Hausses considérables des coûts des transports, des services de première nécessité, de l’énergie domestique … Souvenons nous : Les idéologues libéraux clamaient sur tous les tons que la libéralisation du gaz serait bénéfique pour les ménages : La concurrence allait équilibrer le Marché et faire baisser les prix. On voit ce qu’il en est : Une augmentation de l’ordre de 10% sur l’année qui a suivi sa privatisation ! Demain, ce sera au tour de l’électricité de s’engager sur le même schéma … Au bénéfice de qui ?
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En corollaire, les salaires stagnent ou baissent à l’unisson du Pouvoir d’Achat. Les conditions de travail se dégradent. Les managements sont de plus en plus autoritaires pour « activer » la rentabilité (voir France-Télécom). Les services publics et les fonctionnaires sont massacrés et la réalisation de leur mission rendue chaque jour un peu plus impossible, pour faciliter le transfert au Privé des secteurs qui résistent encore (Ecole, hôpitaux …). Les structures sociétales sont attaquées, rendant illisible et inquiétant l’avenir de toutes les générations (emploi, retraites, Droit du travail, protection sociale …). Les contrôles citoyens sur les dirigeants économiques et politiques sont rognés (« réforme » de la représentativité syndicale, affaiblissement du droit de grève au nom d’un prétendu « service minimum », restriction du champ des négociations sociales, au profit de simulacres de « concertation »).
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Tout se passe désormais comme si les bénéficiaires du régime cherchaient à « soutirer » le maximum au système économique moribond avant qu’il ne disparaisse. A chaque jour sa révélation sulfureuse : Des ministres, qui abusent à leur profit des deniers publics, des condamnations pour corruption d’hommes politiques de droite amnistiées (N’est-ce-pas, Pierre Bédier ?), le scandale et les pertes engendrés par l’externalisation de la gestion de 320.000 chômeurs au bénéfice des sociétés d’intérim … Sans oublier les réticences obstinées manifestées par le Pouvoir pour désigner un magistrat indépendant ayant mission d’enquêter objectivement sur les agissements supposés et les accusations de « conflit d’intérêt » proférées par les médias contre un Ministre du budget, qui assurait aussi, à l’époque, les fonctions de trésorier du principal parti majoritaire !
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Plus personne ne parle de moralisation du capitalisme … Sans doute parce qu’elle est impossible, et qu’il y a urgence à changer de système !
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La Présidence de la République et le Gouvernement savent qu’ils sont peut-être en train de revivre « la chute de l’Empire Romain ». Comme tous les Pouvoirs à l’orée de leur disparition, le tandem Sarkozy/Fillon se réfugie dans la fuite en avant et les dérives sécuritaires et xénophobes. En stigmatisant « les gens du voyage » ou en brandissant la menace de la déchéance de la nationalité, pour que « les bons Français puissent vivre tranquillement chez eux » !
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L’Histoire connaît le subterfuge qui consiste à masquer ses échecs politiques répétés en désignant comme bouc émissaire des misères sociales une minorité ethnique ou une culture différente. Flattée dans le sens le plus lâche de ses mauvais réflexes par des déclarations populistes bien dosées, une grande partie des désespérés et des laissés pour compte du régime moribond, peut, pour un temps, succomber aux effets de la propagande et venir grossir les rangs des idéologues de ces thèses nauséeuses … Le réveil est toujours désastreux.
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C’est dans cette phase qu’il semblerait que la France soit entrée aujourd’hui : Selon la Presse de Droite, une forte majorité de citoyens approuverait les déclarations de Nicolas Sarkozy sur « les gens du voyage » et soutiendraient le projet de déchéance possible de leur nationalité pour les délinquants français d’origine étrangère. Pire : Il semblerait qu’une certaine proportion de cette majorité soit constituée par des « sympathisants » et électeurs de Gauche !
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C’est dire l’ampleur et l’urgence de la tâche de terrain et d’explication qui attend tous les socialistes : Faire barrage à la désinformation « officielle » et rappeler à tous ceux qui s’égarent sur des chemins douteux les réalités des valeurs humanistes, sociétales et sociales, qui fondent leur engagement.
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Le 4 septembre, le Parti Socialiste, avec d’autres partis et associations de Gauche, appelle l’ensemble des citoyens à manifester leur opposition à la politique sécuritaire du Gouvernement. Il faut que ce rassemblement soit une réussite.
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Le 7 septembre, avec le Parti Socialiste et l'ensemble des syndicats, c’est contre l’injuste « réforme » des retraites, traitée sur le seul plan comptable en occultant sa dimension première de fait de société, que la mobilisation citoyenne et républicaine doit être sans précédent.
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Le Parti socialiste a la responsabilité historique de « fédérer » les mécontents du régime, et de leur offrir un espoir et une alternative politique. Le projet, qu’il est en train de construire, doit tourner le dos à la facilité, et intégrer une réalité objective : Le capitalisme d’aujourd’hui, dans sa forme irréversible et la plus élaborée qu’est le libéralisme, n’est ni amendable ni « moralisable ».
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C’est un changement fondamental de système qu’il doit proposer aux Français. Une autre organisation sociale et économique qui rétablisse les solidarités sociétales et redonne la primauté à l’intérêt général sur l’enrichissement privé.
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