Haro sur les plus faibles !
Il ne se passe guère de semaine (voire de jour, ou d’heure), sans que les salariés des classes modestes et moyennes, les demandeurs d’emploi, les retraités, les familles les plus en difficultés, se voient imposé de se serrer la ceinture pour financer les cadeaux consentis aux possédants. Pensez, 15 milliards d’euros de «Paquet Fiscal» ça ne se trouve pas sous les pas d’un cheval … il faut en «aligner» des travailleurs pauvres et des précaires pour y arriver ! Et tant pis si, au passage, l’avenir du Pays est hypothéqué : l’important, c’est que la caste des plus riches continue de s’enrichir.
Après l’annonce d’un plan de rigueur qui cache son nom et ses objectifs, mais vise au premier chef les fonctionnaires et particulièrement les enseignants, on annonce le désengagement de l’Etat dans le financement de la Carte «familles nombreuses», la réduction des Allocations Familiales par la suppression d’une des majorations par tranches d’âge, et on lance les premiers ballons d’essai en vue d’une baisse (suppression ?) de l’Allocation de Rentrée Scolaire.
Le tandem Sarkozy/Fillon cible délibérément les familles les plus défavorisées, l’enfance et l’adolescence : Financièrement, en sacrifiant les aides spécifiques qui leur étaient allouées, mais, plus sournoisement, en s’attaquant à la qualité de l’avenir des jeunes -et accessoirement au principe constitutionnel de l’égalité des chances- en refusant les moyens, notamment humains, qui seraient nécessaires à l’Education Nationale, surtout dans les zones déjà difficiles (le Mouvement lycéen est là pour attester que les jeunes concernés en sont conscients).
Pour faire bon poids sans doute, le Conseil d’Analyse Economique suggère une réforme du SMIC, qui, en supprimant son indexation en fonction de l’évolution du salaire ouvrier, entraînerait une baisse généralisée des rémunérations moyennes et basses.
Quant à la «réforme Fillon» des retraites, en ne modifiant que la durée ou le montant des cotisations et en se dispensant de rechercher d’autres sources de financement (les produits financiers, par exemple), elle n’offre aucune garantie de maintien du Pouvoir d’Achat des pensions, avec les conséquences dramatiques qu’il est inutile de détailler pour les plus faibles retraites.
En regard, les prix explosent, y compris pour les produits de première nécessité. Et toutes les «mesurettes» du Gouvernement ont un impact zéro sur le Pouvoir d’Achat … en chute libre pour les plus pauvres !
Libéralisation des marchés, y compris de l’énergie, pour «relancer» la concurrence, mesures de défiscalisation des heures supplémentaires et TEPA (loi Travail, Emploi et Pouvoir d’Achat), 13ème mois sans charge, monétisation des RTT, déblocage des Fonds de Participation … Rien n’y fait : En France on a peut être des idées (et on se livre parfois à des élucubrations genre rapport Attali), mais elles ne réussissent à atteindre aucun des objectifs que Nicolas Sarkozy et son Premier Ministre continuent à mettre en avant. Sans doute parce que leur «utilité» est ailleurs : détourner l’attention du plus grand nombre du vol qualifié qu’organise la Droite au Pouvoir depuis 6 ans en «Prenant aux pauvres pour redonner aux riches».
Parce que, pendant ce temps : les profits des Entreprises du CAC 40 continuent de progresser confortablement et les revenus de la plupart des Dirigeants et Cadres très supérieurs connaissent des augmentations exponentielles (+30% semble-t-il en 2007 pour la majorité d’entre eux, probablement plus encore en intégrant les « stocks options »). Aujourd’hui, les 15% des français les plus favorisés se partagent 85% des richesses produites par le travail de tous ! En 10 ans, la redistribution en direction du Travail de la part de la «valeur ajoutée» crée par l’Economie a été réduite de 13%, au bénéfice des profits capitalistes des investisseurs institutionnels les plus importants : Banques, Assurances, Fonds étrangers, « noyaux durs » des « Holdings »…
Le comble du cynisme est atteint, quand Nicolas Sarkozy ose envisager de financer la généralisation du Revenu de Solidarité Active (RSA) par le «redéploiement» de la «Prime pour l’Emploi». « Impôt négatif », cette dernière avait été instaurée par la Gauche pour compenser, auprès de ceux dont les revenus sont trop faibles pour être imposables, les effets des divers allègement fiscaux. Autrement dit, dans le projet Sarkozy, ce serait les «travailleurs pauvres» qui paieraient les aides destinées à plus pauvres qu’eux !
Jamais, dans l’Histoire, on a assisté à un mouvement conservateur réactionnaire de cet ampleur : «Réforme» est devenu synonyme de «Régression sociale» et «modernité», celui de retour à une organisation sociétale capitaliste entièrement dérégulée, que l’on croyait disparue depuis les années 1930 !
Pas plus François Fillon, chantre du libéralisme le plus dur, que Nicolas Sarkozy, ne s’en cachent : Si l’un ou l’autre (surtout le second, d’ailleurs) reconnaît de possibles «erreurs de communication», jamais les fondements ni les orientations de la politique menée ne sont remis en cause !
L’Opinion Publique sort (douloureusement) de l’état hypnotique dans lequel la Droite espérait la maintenir, et les cotes de popularité de l’un et de l’autre se sont effondrées ou sont en passe de le faire.
Le Premier Mai prochain marquera, comme chaque année, un rappel des luttes sociales passées, mais sera aussi l’occasion de manifester (malheureusement trop dans la désunion) le rejet, par une très large majorité de français, de cette politique d’appauvrissement systématique touchant le plus grand nombre.
La Gauche, dans son ensemble, autour du Parti Socialiste, doit participer à ce Mouvement, derrière les Organisations Syndicales et les Associations qui mènent la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’injustice, pour lui donner un sens «politique» et offrir une alternative à «l’idéologie libérale unique».
Sources :
Notes du secteur Affaires Sociales du PS
Communiqués et prises de position des Organisations Syndicales
Dépêches AP, AFP, Reuters
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