L'UMP souhaite le "démantèlement définitif" des 35h, et estime que la durée du travail devrait être désormais négociée entreprise par entreprise. La droite poursuit son travail de dynamitage du droit du travail et des dispositions de protection des travailleurs.
Patrick Devedjian, secrétaire général du Parti majoritaire , en déclarant sans ambages, au cours d’un Point Presse de ce lundi 19 mai 2008 : "L'UMP demande avec force le démantèlement définitif des 35h, et que la durée du travail soit contractuelle, entreprise par entreprise", fait exploser le cadre de «l’assouplissement des 35 heures», sur lequel a communiqué le Gouvernement jusqu’ici. Il s’agit maintenant, ni plus ni moins, que de supprimer la Durée Légale du travail, une des conquête sociale historique fondamentale du Mouvement Ouvrier et de la Gauche.
Patrick Devedjian ne s’en cache d’ailleurs pas, puisqu’à la question : "Est-ce la fin de la durée légale du travail?", il a répondu: "Oui (...) Ça cessera d'être un système national" .
On ne peut aller plus loin, en bon petit soldat du MEDEF, vers la réalisation du rêve patronal de «faire travailler plus pour exploiter mieux !».
Si la proposition de l’UMP était appliquée, ce serait les salariés des petites et très petites entreprises qui seraient les premiers sacrifiés. La représentation syndicale y étant inexistante -le seuil minimal imposant des élections de Délégués du Personnel n’étant pas dépassé- la négociation sur le Temps de Travail serait d’autant plus vite faite que, jusqu’à présent, le projet de Loi sur la représentation syndicale refuse le principe de la «mutualisation», qui permettrait de regrouper plusieurs entreprises d’une même branche pour atteindre ce seuil !
Les chefs de ces PME et TPE pourraient allonger la durée du travail à leur guise, dans la limite maximale fixée par l’Union Européenne de … 48 heures hebdomadaires en moyenne sur plusieurs semaines.
Pour leur part, les patrons des plus grandes Entreprises auraient les mains libres pour généraliser le chantage au chômage ou aux délocalisations auquel certains se livrent déjà pour imposer une renégociation des Accords «35 heures». Quant aux «heures supplémentaires», soit disant si chères au Président de la République, elles disparaîtraient naturellement, en même temps que la durée légale du temps de travail.
La réaction du PS ne s’est pas faite attendre. Bruno Leroux, Porte-parole du Parti à rappelé que la généralisation des 35 heures était toujours la proposition approuvée par un vote massif des militants en même temps que le projet du parti pour 2007. S’il était envisageable d’engager avec les partenaires sociaux un dialogue sur leur actualisation et les conditions de leur application ou extension, ce n’était évidemment pas pour aller dans le sens de leur démantèlement. Encore moins dans celui de la suppression de la notion de durée légale du travail.
Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que, selon tous les sondages effectués jusqu’ici, plus de 60% des français n’entendent pas revenir sur l’avancée sociale des 35 heures et que cette mesure de la «Gauche plurielle» avait eu et continue d’avoir un impact considérable sur le taux de chômage et les créations d’emplois.
Le Gouvernement et la Présidence ont finalement, en soirée, désapprouvé cette proposition de l’UMP, et les observateurs d’avancer l’explication d’un nouveau couac dans les rangs de la Majorité.
A voir :
«Erreur de timing» à l’orée d’une semaine chargée en manifestations ? Ballon d’essai pour l’avenir (en fonction de la mobilisation sociale constatée) ?
Il est à craindre que la casse des protections sociales engagée par le capitalisme libéral financier le plus débridé ne soit pas terminée, et que d’autres mauvais coups pour les salariés et les petites gens soient en préparation.
Sources :
Reuters, AFP
Communiqués du PS
Réactions syndicales
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